Hautes-Alpes : un prêtre "traditionaliste" suspecté d'avoir touché le sexe de sept enfants

À l'issue de l'audience à Gap, le Tribunal a condamné le prévenu à six mois de prison avec sursis et une interdiction de territoire.

Lors de l'audience, une peine de quatre ans de suivi socio judiciaire a notamment été requise par le Parquet.

Photo Stéphane Duclet

Un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, installé depuis 2021 à Montgardin dans les Hautes-Alpes, comparaissait ce jeudi 4 avril 2024 devant le tribunal correctionnel de Gap pour des faits présumés d’atteintes sexuelles sur sept garçons. L'affaire a été mise en délibéré.

Un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X comparaissait ce jeudi 4 avril 2024 devant le tribunal correctionnel de Gap (Hautes-Alpes) pour des faits présumés d’atteintes sexuelles sur sept mineurs, dont six de moins de quinze ans.

Ces faits auraient été commis par l'homme de foi entre 2002 et 2018 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), en Suisse, à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime), en Espagne et en Vendée "par personne abusant de l'autorité de sa fonction", alors que le suspect, aujourd'hui âgé de 58 ans, occupait des fonctions de directeur d'école privée catholique à Courbevoie, de professeur et de responsable de camps scouts.

"Il a touché mon pénis"

"Il me faisait des massages sur le sexe", lance à la barre un jeune homme, scolarisé trois ans dans la structure scolaire. "À l'occasion d'une sortie en bateau, il m'a proposé de conduire puis il m'a tenu par les épaules, jusqu'à me caresser le ventre et le sexe sous mon maillot de bain", complète une autre victime présumée.

Se souvenant d'un prêtre "à l'autorité suprême", un autre jeune homme se présente face aux magistrats pour raconter des faits qui se seraient déroulés lors d'un camp d'été scout en Espagne en 2006 : "Il m’a demandé de prendre une douche. Puis, il a touché mon pénis et a pris mes testicules dans les mains dans un silence de mort".

À la barre, le prévenu installé depuis novembre 2021 dans le monastère de Montgardin près de Gap, qualifié de "prison dorée", où il affirme "faire la cuisine", reconnaît l'ensemble des faits qui lui sont reprochés et assure avoir "toujours lutté contre cette attirance" pour les adolescents, pour laquelle il est suivi par une psychiatre depuis 2019.

Le prêtre qui affirme n'avoir jamais eu de relation amoureuse, assure avoir alerté la Fraternité Saint-Pie X de cette "tendance", à plusieurs reprises, dès 1998 dans un courrier. Ce n'est que 21 ans plus tard, en 2019, qu'un signalement a été fait par la structure religieuse qualifiée de "traditionnaliste".

"Je demande pardon, je regrette profondément"

"Les gens que vous avez devant vous sont une petite partie émergée d’un iceberg", affirme Me Rodolphe Bosselut, représentant deux victimes présumées. Mes clients ont eu peur de manquer à une forme de loyauté religieuse, de mettre en péril la Fraternité".

"Je réalise aujourd'hui que j'aurais dû agir différemment, concède le prévenu au casier judiciaire vierge, lorsque le tribunal lui demande pourquoi il ne s'est pas dénoncé aux forces de l'ordre. Je demande pardon aux victimes et regrette profondément tout ce que j'ai fait".

Violaine Perrot, substitute du procureur de la République de Gap, estime que le prévenu a "profité du respect que l'on doit à l'abbé, qui avait en plus une forte autorité, pour mettre la main dans le caleçon" et requiert la condamnation du prévenu à une peine de quatre ans de suivi socio judiciaire avec injonction de soins, d'interdiction définitive d'exercer une activité bénévole ou professionnelle avec des mineurs et l'obligation d'indemniser les parties civiles.

Des réquisitions jugées "assez justes" par un des deux avocats de la défense, qui "souhaite que cette maladie soit prise en compte par le tribunal" et plaide la relaxe pour trois des sept faits pour lesquels le prêtre est poursuivi. "Ce n’est pas le prédateur décrit par les parties civiles. C’est un homme faible, fragile, condamnable".

L'affaire a été mise en délibéré par le tribunal correctionnel de Gap. Le prévenu, qui affirme qu'il se "soumettra" à la juridiction, "à la punition et à la sentence" car il estime qu'il "le mérite", connaîtra la réponse du tribunal le jeudi 6 juin 2024.